Objectifs Nikon F sur hybrides Z : compatibilité, formule optique et qualité d’image
Les objectifs Nikon F conçus pour les reflex argentiques ou numériques sont-ils pleinement compatibles avec les hybrides Nikon Z ?
Si la monture Z accepte via une bague FTZ ou FTZ 2, la quasi-totalité des optiques F, la qualité d’image obtenue sur capteur numérique plein format (Zf, Z5, Z6, Z7, Z8, Z9) peut varier en fonction de l’optique utilisée.
La raison ? L’incidence des rayons lumineux sur le capteur et les limites physiques des capteurs modernes.
Monture F, monture Z : une compatibilité mécanique mais pas toujours optique
La monture Nikon F équipe les reflex de la marque depuis 1959.
Avec la monture Z introduite en 2018, Nikon a réduit la distance de tirage à 16 mm (contre 46,5 mm sur F), permettant de rapprocher les optiques du capteur et de créer de nouvelles formules optiques plus performantes, en particulier en grand-angle.
Grâce à la bague FTZ/FTZ 2, il est possible d’utiliser un grand nombre d’objectifs F sur les boîtiers Z, en gardant l’autofocus et la stabilisation (selon les modèles).
Mais si la compatibilité est excellente mécaniquement, la qualité optique obtenue peut dépendre fortement du comportement de l’objectif face au capteur numérique.
Pourquoi les capteurs numériques sont plus exigeants que le film
Les capteurs sont constitués de photosites plats et sensibles à l’angle d’incidence des rayons lumineux.
Contrairement au film argentique qui accepte la lumière sous des angles variés, les capteurs numériques tolèrent mal les rayons obliques aux bords de l’image.
Cela se traduit par :
- Du vignettage (assombrissement des coins)
- Une perte de piqué ou de contraste en bord de champ
- Des décalages de couleur (aberrations chromatiques latérales)
Ces effets sont accentués si l’objectif a une formule symétrique ou une lentille arrière proche du capteur, ce qui était courant dans les grands-angles argentiques.
Quels objectifs Nikon F posent problème sur les hybrides Z ?
En pratique :
- Les téléobjectifs et focales normales (50mm, 85mm…) se comportent très bien.
Les rayons arrivent quasi perpendiculairement, même en bordure de capteur. - Les grands-angles vintage, comme les 24mm f/2.8 ou certains AI-S, peuvent produire du vignettage et un manque de netteté sur les bords, surtout à pleine ouverture.
- Les objectifs modernes de type G ou E, conçus à l’époque des reflex numériques, s’en sortent mieux mais ne sont pas toujours optimisés pour les capteurs à faible tirage optique.
Un cas concret : j’ai basculé du reflex, Nikon D610 et D800 à l’hybride avec un Z5 utilisé avec 24-120mm f/4 monté avec la bague FTZ.
Ce zoom polyvalent restait très utilisable, mais c’est en passant à la version Z de ce 24-120mm que l’amélioration s’est clairement fait sentir :
le piqué est homogène sur tout le champ, et le vignettage presque absent, ce qui est remarquable sur une telle amplitude.
La conception des objectifs Z : une réponse aux contraintes du numérique
Les objectifs natifs pour monture Z sont conçus spécialement pour le capteur numérique plein format.
Nikon a profité du court tirage pour créer des formules avec une lentille arrière plus proche du capteur, mais également pour mieux diriger les rayons vers le centre des photosites, grâce à des lentilles asphériques et des traitements spéciaux.
Le résultat : plus de piqué, moins de vignettage, moins d’aberrations chromatiques.
Par exemple, après avoir utilisé un 35mm f/1.4 Ai-S à la fin des années 1980 et plusieurs versions de 50mm manuels ou AF en monture F, le passage au 35mm f/1.8 Z a marqué une véritable évolution.
Autant avec les optiques en monture F, il était préférable de fermer le diaphragme d’une valeur pour retrouver du piqué, la pleine ouverture étant souvent réservée aux photo-reporters prêts à sacrifier un peu de netteté pour capturer l’instant,
autant ce dernier est d’une netteté remarquable à pleine ouverture, y compris sur les bords, comme illustré dans cet article consacré à la composition et la profondeur de champ.
Peut-on abandonner les objectifs F sur Z ?
Pas nécessairement.
Pour beaucoup de focales, notamment les 50mm, 85mm et les télés, les performances restent excellentes.
En revanche, pour un usage paysager ou architectural, où la qualité sur les bords est cruciale, les optiques Z font clairement la différence.
Enfin, les objectifs F vintage peuvent encore offrir un rendu unique ou un look recherché.
Il suffit simplement d’en connaître les limites et les caractéristiques sur capteur numérique.
Certains défauts techniques peuvent même devenir des atouts créatifs.
C’est le cas, par exemple, du tout premier zoom Nikon, le 43-86mm non-Ai, souvent critiqué pour son flare important en contre-jour.
Après avoir lu l’article de Ken Rockwell à ce sujet, l’objectif a été acquis spécialement pour cet effet.
Ces « imperfections » sont aujourd’hui très appréciées par la génération Z, en réaction à la perfection stérile des images produites par les smartphones.
Conclusion
Le passage des reflex aux hybrides Nikon Z a ouvert de nouvelles possibilités optiques,
mais il a aussi mis en évidence les limites de certaines formules anciennes.
Les objectifs Nikon F restent une mine d’or pour les photographes, mais leur association avec les capteurs modernes demande un regard averti.
Adapter, oui, mais en connaissance de cause.
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