Le Monde comme il va – Bourse de Commerce – Pinault Collection
En juin 2024, la Bourse de Commerce – Pinault Collection propose une exposition aussi percutante que poétique : « Le Monde comme il va ». Sous la majestueuse coupole du bâtiment réhabilité par Tadao Ando, cette exposition réunit une sélection d’œuvres contemporaines qui interrogent notre monde, ses dérives, ses contradictions et ses espoirs.
Dès l’entrée dans le cylindre central, le visiteur est saisi par l’atmosphère. Le sol en miroir démultiplie l’espace et les fresques circulaires du XIXe siècle, créant un effet vertigineux. Cet écrin minimaliste, épuré, devient un terrain fertile pour les installations et œuvres provocantes qui composent l’exposition.
« Le Monde comme il va » met en lumière des thèmes brûlants d’actualité : les conflits, la mémoire, la violence, les identités, le pouvoir, mais aussi la fragilité de notre planète. Chaque œuvre agit comme un miroir tendu à notre époque. Certaines installations suscitent le malaise, d’autres éveillent l’émotion ou l’émerveillement. Le regard du visiteur est constamment sollicité, incité à réfléchir, à se questionner.
Parmi les œuvres marquantes, les sculptures réalistes d’hommes âgés en fauteuil roulant de Sun Yuan et Peng Yu se fondent dans le décor d’une fresque monumentale représentant une manifestation. La frontière entre fiction et réalité s’estompe. Plus loin, Dino, une Ferrari rouge accidentée, œuvre de Bertrand Lavier, posée sur un socle blanc semble figée dans le temps, écho à notre obsession pour la vitesse, la consommation, et leurs conséquences.
Parmi les œuvres les plus saisissantes de l’exposition « Le Monde comme il va », figure « Pauvre petit garçon » de Maurizio Cattelan. Cette sculpture hyperréaliste, représentant un homme en costume à genoux, mains jointes, dans une posture ambiguë entre repentance et provocation, provoque un profond malaise. Loin de passer inaperçue, elle interpelle par son réalisme glaçant et la force de son évocation. Le spectateur hésite entre fascination et rejet. C’est toute la puissance de l’art selon Cattelan : nous confronter à l’indicible, sans filtres.
D’autres pièces jouent avec l’humour et le décalage, comme cette petite souris en peluche surgissant d’un trou dans le mur, à la fois absurde et attendrissante. Elle tranche avec la monumentalité des autres œuvres, rappelant que parfois, les petits détails ont autant d’impact que les grands discours.
L’exposition donne également une place forte aux mots : sur un mur incurvé, une série de tableaux en noir et blanc égrène des termes chargés : « paranoïaque », « terroriste », « extrémiste », « autorité », « hypocrite »… Ces mots, en majuscules, résonnent comme des étiquettes imposées ou subies. Ils interrogent notre rapport au langage, aux stéréotypes et à la manière dont les mots façonnent nos identités.
Dans une autre salle, les couleurs vives et les formes gonflées des sculptures de Jeff Koons attirent le regard. Le contraste entre leur apparente légèreté ludique et leur monumentalité industrielle crée une tension visuelle intéressante. L’art semble ici devenir un produit, une icône pop, une provocation joyeuse.
J’ai eu le plaisir de photographier cette exposition en m’attachant aux détails, aux reflets, aux tensions esthétiques entre les œuvres et l’architecture. Le travail de lumière, les textures, les interactions entre les visiteurs et les œuvres composent un récit visuel immersif. À travers mon objectif, j’ai tenté de capturer cette multiplicité de regards que l’exposition suscite.
« Le Monde comme il va » n’apporte pas de réponses, mais pose les bonnes questions. Elle reflète notre époque sans fard, avec parfois une touche d’ironie ou de poésie. Elle offre une expérience sensorielle et intellectuelle, nourrie par des artistes engagés et une scénographie parfaitement maîtrisée.
Je vous invite à découvrir cette exposition à la Bourse de Commerce – Pinault Collection, et à parcourir ma série de photographies réalisée pour l’occasion. Chaque image est une tentative de fixer un instant, une émotion, une pensée fugace. Car l’art, comme le monde, est en perpétuel mouvement.
Cliquez sur les photos, ci-dessous, pour les voir en plein écran.
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